| Le tag a inspiré une littérature abondante. Nombreux sont les sociologues, les critiques d’art, les historiens et surtout les photographes ayant consacré leur travail à cette nouvelle forme artistique. Beaucoup plus rares, en revanche, sont les écrivains (romanciers ou poètes) qui ont fait de même. Il n’est pas le lieu ici de s’interroger sur les causes de cette indifférence mais de saluer ceux qui osent franchir la ligne comme on traverse le périp. La nuit du tagueur appartient à ces narrations qui de tout temps interrogent les ressorts contemporains de lacréation. Car le tag, n’est déplaise à certains, est une forme d’art comme le fut, au début du XXe siècle, l’abstraction ou le cubisme. A l’époque, il s’est trouvé des poètes, et pas des moindres, qui ont su les défendre et tisser avec leurs frères en art le nécessaire dialogue qui fonde la vraie reconnaissance. Aujourd’hui à l’heure d’internet, cette reconnaissance entre pairs est plus que jamais nécessaire. C’est tout au crédit de ce roman de la renouer en posant d’emblée la continuité duelle, conflictuelle qui est coeur de l’art : soit le différend entre art populaire et art établi, sacré et profane. Pour l’exprimer, je l’aborde par le conflit des générations. Richard Killroy est un peintre en pleine crise. Alors qu’il se sépare de sa femme, son fils David, 17 ans, entre en rébellion contre lui en intégrant un groupe de tagueurs adeptes d’un mystérieux jeu en ligne. Le meurtre inexpliqué de l’un des membres du groupe plonge David dans le désarroi. Pour se rapprocher de son fils, Richard tente d’élucider ce crime. Mais l’affaire se corse lorsque lui parvient une lettre étrange, telle une flèche tirée d’un passé qu’il ne soupçonnait pas. |
